Invitation à X


Ceci c’est une invitation à partager et vivre des désirs ardents. C’est un appel aux perdants dans le jeux d’angoisse d’une civilisation destructrice. Un appel à l’authenticité. Je me réjouis de toutes réponses ; des rencontres et des pas communs ; des appels vivants, des commentaires, de la critique des symboles et des autres traductions (arabe, espagnol). Je me réjouis de la réalisation. Ceci c’est un appel à créer des oasis dans la friche du monde où nous pouvons vivre à nouveau. » basko@riseup.net
 
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LANGUE

Pour communiquer je me sers des symboles comme des lettres, des mots et des métaphores. Des symboles sont des abstractions, ils sont toujours séparés de la perception qu'ils décrivent. Ma compréhension des symboles est déterminé par mes expériences du passé. Donc quelqu'un qui résonne sur mon désir ne résonne probablement pas sur les symboles que j'utilise pour le décrire. Je souhaite de surmonter le pouvoir des symboles et de la langue et de rendre sa place a la vie non abstrait.

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PRÉMISSE

Je suis anarchiste. Je ne fais aucun cas de domination, hiérarchie et impératif. Je ne sers ni suis personne, aucune chose et aucune idée. Également je ne demande aucune domination sur d'autres êtres vivants. Cette déclaration de mon autonomie est un premier pas vers la liberté.
Je suis égoïste. J'agis a cause de moi. Mon être est l'origine et la maxime de mon comportement. La conscience de mon égoïsme me donne la liberté et le pouvoir de maintenir ma singularité. En même temps elle me limite à moi-même et me préserve de la mégalomanie d'imposer ma vision aux autres, la mégalomanie qui provoquait des atrocités si innombrables. Un réseau des relations pour le bien de tous ne peut que se former si chaque individu est conscient de ses intérêts personnels et sa subjectivité.

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RAISON

Pour des raisons nombreux ça n'a aucun sens de continuer à vivre dans la culture globale de notre temps. Beaucoup des gens ont rempli des livres avec les raisons et il y en a chaque jour des nouvelles à ajouter. Je m'en tiens à constater que notre culture est folle. Lui suivre c'est de courir vers un écueil escarpé et en même temps emporter tout qu'on peut attraper avec les bras pour que ça tombe et éclate avec nous. Ça n'y change rien si nous croyons dans notre folie qu'il y a un pont invisible qui traverse l'abîme, amenant au paradis d'une civilisation complété. Car même si cet pont existait, il amenait que dans l'enfer d'un système artificiel.

Pour des raisons nombreux ça n'a aucun sens de continuer à vivre dans la culture globale de notre temps. Et pour des raisons aussi nombreux ça n'a aucun sens d'améliorer ou de changer cette culture, de prendre position et de se livrer des batailles pour le bien au-dedans d'elle. Parce que la folie de cette culture ne consiste pas que dans la façon dont elle se rapproche de son but, mais plutôt dans le but en lui-même qu'elle vise.

Les guerres et massacres, les tortures et crises, les jeux sanguinaire pour du pouvoir et des ressources, les catastrophes écologiques, la violence systématique, injustice, exploitation, pauvreté et misère – les atrocités de ce temps, contre lesquelles je m'indigne, ne sont que les pointes émergées d'une chaine de icebergs, que des humains ont crée avec la culture de civilisation et qu'ils laissent glacer chaque jour plus haut avec la froideur de leur ignorance.

DESIR

Je désire de l'espace pour la vie sauvage. De l’espace pour la vie sauvage, c’est ce que la terre est pour ses êtres vivants depuis des millions d’années : L’espace, dans lequel ils vivent leur originalité et jouissent du monde. Tous les êtres vivants forment cet espace tandis qu'ils se déploient librement et suivent leur envie de jouir du monde. Ils ainsi forment un cycle éternel de vie et se permettent mutuellement leur existence. C’est cet ensemble de vie sauvage que nous appelons la nature.
La civilisation humaine, qui aujourd’hui s’étend par toute la planète, a quitté ce cycle. Pour elle, la nature n’est plus un espace vital mais une ressource pour tenir un système artificiel. Elle se retrouve dans un cercle vicieux de destruction, peur et frustration. Ainsi cette civilisation extermine résolument la vie sur terre.

J’ai grandi au milieu d’un bastion de cette civilisation. J’aperçois sa destruction, son hypocrisie et son haute culture de la peur. Je fais partie des peu qui profitent de ses mécanismes par un accès facilité aux biens matériels, aux technologies, aliments et à l'argent. Pourtant la vie dans cette civilisation me frustre. En étant parti d’elle je ne peux pas être moi-même. Chaque moment je suis sensé remplir une fonction ou jouer un rôle.

En effet, par la satisfaction des besoins compensatoires, souvent je ne sens plus mes véritables besoins. L’anesthésie de mes sens me détourne de ma solidarité avec la vie sauvage. L’omniprésence de la peur me décourage de m’affirmer. Et les dimensions de la destruction de la nature me font sentir impuissant de me réunir avec elle. Mais tout profond en moi je sens le désir ardent de moi-même, de la joie d’être, de la liberté de vivre mon originalité et de jouir du monde. Je suis nature et j’exige la satisfaction de mon envie dans le cycle de la vie.

Dans un monde qui été transformé en un désert de destruction et frustration par la folie de la civilisation de créer un système artificiel contrôlable, je veux proclamer une oasis. Je veux contribuer à créer de l'espace pour la vie sauvage. Afin d’un jour il couvrira tout le désert!

MODÈLES

Pour pouvoir survivre dans cette civilisation, j'ai adopté des innombrables modèles de perception, de pensée, de sentiment et de conduite. La plupart d'entre eux ne correspondent pas à ma propre façon de percevoir, de penser, de sentir ou de me comporter. Pour avoir mes repères dans un espace de vie sauvage je dois prendre conscience de ces modèles. Grandi dans cette civilisation, j'ai appris à séparer mes sens les uns des autres, de les classer hiérarchiquement et d'abstraire ma perception dans des symboles, à la place de vivre immédiatement dans la perception avec tout mes sens conscients et inconscients. Depuis je limite ma pensée à l'espace étroit de cette abstraction. J'ai appris à évoluer dans un temps linéaire au lieu de vivre dans l'éternité du moment. Depuis je me laisse ligoter par les impératifs du passé et chasser par les peurs de l'avenir. J'ai appris à assurer mon existence par la lutte pour la possession des ressources, ou plutôt leur abstraction sous forme de l'argent, et non par être intégré dans un cycle de recevoir, consommer, créer et donner. Depuis je passe le plupart de mon temps dans la peur de la pénurie et dans la poursuite infinie de la propriété assurée. Tout ces modèles et beaucoup d'autres consolident le pouvoir prétendu de ma civilisation natale sur la nature, de laquelle elle se désolidarise et laquelle elle détruit. Afin de créer de l'espace pour la vie sauvage je veux me libérer de ces modèles. La vie sauvage c'est l'union avec le moment de l'existence.

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VISION

Ceci est la vision d'X, d'une terre sur laquelle nous proclamons la vie sauvage. Ce n'est pas du tout la première vision et ce serait loin d'être le premier lieu. Ce n'est que l'endroit que nous créons. Nous, ça veut dire ceux qui partagent ce désir, qui nous nous réunissons pour lui suivre. X, ça pourrait être ici: 29.083964,-10.382856. Ou toute autre part. Symboliquement nous considérons X comme une oasis dans le désert.

X c'est un biotope guérissant. Par les millénaires passées (et particulièrement le siècle passée) de la civilisation humaine, la nature est troublé dans les plupart des endroits. X est un endroit crée avec l'intention de guérir ces blessures. Nous voulons rétablir les cycles naturels et libérer l'énergie de la vie. En étant des humains, nous voulons nous réconcilier avec nous-mêmes et notre source de vie et nous nous opposent à toute oppression du désir de la vie.

X c'est un lieu de la permaculture. Nous voulons créer un espace vital qui agit pour le bien de la vie en toute manifestation. Je crois que l'éthique, les principes et techniques de la permaculture sont extrêmement secourable pour construire une communauté de vie dans laquelle l'humain peut se réaliser heureusement sans détruire de l'espace vital.

X c'est une communauté de vie aspirant à l'autarcie, à l'indépendance des ressources extérieures. Une partie importante de notre liberté c'est la capacité de vivre durablement des ressources de la terre sur laquelle nous habitons. Cela ne veut pas dire qu'il faut s'isoler complètement de la civilisation qui nous entoure et renoncer a tout ses produits, mais que nous créons une manière de vie qui nous permet d’être durablement heureux et bien rempli complètement indépendant d’elle.

X c'est une collectivité de tous les êtres vivants qui partagent cet espace vital. Nous aspirons chaque moment à la forme la plus complète de l'individualité de chacun et à la coopération optimale entre nous. Nous vivons la liberté, le respect, la transparence et le sens des responsabilités.

X c'est un gîte pour des passants. Pour les vagabonds et les déçus, pour les libres et tous cherchant une meilleure vie. Nous les souhaitons bienvenue de vivre parmi nous et de se délecter de cet espace de la vie sauvage. Nous les invitons de créer cet oasis avec nous. Nous souhaitons qu'ils aident à étendre les racines et les branches, afin que ce monde devienne une forêt de vie. Nous les prions de garder respect devant la vie, de vivre sincère, de découvrir leur particularité et la beauté de la nature.
X c'est un espace sans impératifs, sans hiérarchies et sans frontières artificielles. C'est un lieu pour la coopération spontanée de la vie.

X c'est une œuvre d'art. Car l'art réel c'est la vie véritable. X c'est un espace pour sincérité. Pour la vivacité, la créativité et l'évanescence.

X c'est la propriété à personne. En cas que X c'est un terrain acheté, il pourrait juridiquement être transmis à une fondation ou une association avec but invariable.

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RÊVE

Je m'allonge sous un jeune arbre fruitier à coté d'un chêne-liège mourant et rêve mon propre rêve d'un espace pour la vie sauvage. Je rêve d'un paysage au bord du désert. D'un paysage qui était un forêt il y a cent ans peut-être, ou bien quelques décades, d'un paysage qui était détruit par la civilisation humaine et qui est devenu de plus en plus aride depuis. Je rêve que nous nous y installons. D'abord nous vivons dans des tentes spacieuses, tout près du sol, qui nous nourrira, et de l'air qui nous rends vivant. Nous construisons des barrages naturels pour retenir la pluie de l'hiver pour qu'elle s'infiltre dans la terre et lui fait revivre. Nous dessalons l'eau de la mer avec la chaleur du soleil pour avoir de l'eau le temps jusqu'à les lacs seraient remplis. Je rêve de planter des arbres. Des pêchers, amandiers, châtaigniers, abricotiers, bananiers, avocatiers, citronniers, orangers, tagastastes, palmiers, acacias, moringas, oliviers, caroubiers, figuiers, chênes, noisetiers, cerisiers... Je rêve d'aménager des potagers sur les terrasses serpentant le long des étangs, légèrement ombragé par les arbres; des potagers ronds avec des patates, haricots, maïs, courges, pois chiches, courgettes, carottes – entouré des murets de pierres et des arbres, qui les ombragent et protègent du vent; des jardins aux herbes et aux plantes médicinales.

Je rêve de construire une tour comme maison pour les pigeons (les pigeons diffusent le message de la vie sauvage dans le monde) et comme nichoir pour les hirondelles (les hirondelles apportent l'espoir dans le désert). Une tour comme point de vue, duquel nous voyons le monde, les étoiles et notre vision. Une tour pour proclamer la beauté du monde, pour la laisser envahir par les lichens et poncer par le vent, pour la laisser tomber par terre et couvrir par la fraîche, des que la forêt dépasse sa pointe.
Je rêve des poules sur un îlot au milieu du lac, qui prennent leurs bains de sable au pied des palmiers poussants. D'une terre sans clôture ni muraille, qui verdoie de plus en plus, où les arganiers, cactus, tagasastes et acacias poussent toujours plus dans le désert. Je rêve des hérissons et serpents, des fleurs, des ruches et des oiseaux. D'innombrables oiseaux, qui s'y posent et se rafraîchissent. Je rêve d'une fontaine et d’une pierre à feu à l'entré de l'espace, où nous pouvons laver  nos vieux modèles, qui nous ont ligoté, et bruler les concepts, qui ont fait de nous des bourreaux ou victimes d'une logique destructive.

Je rêve d'un endroit plein d'art vivant, plein de création passionné et libre, cependant rien n'est rigide, tout vit et coule. Je rêve d'un espace sans heure. J'entends un coup de gong dans la tour, qui nous rappelle une fois par jour de faire une pause pour observer, de prendre conscience de soi-même et de ce qu'on est entouré. Je vois des poissons qui cherchent des algues au bord du lac.

Je vois une cuisine ronde, dans laquelle nous cuisinons avec un grand réflecteur qui concentre la chaleur du soleil. Je vois notre vie sociale entre l’aspiration à l’individualité autonome et l’engagement pour une communauté aimante. Je vois nous rassembler dans des cercles pour créer de la transparence et de l’authenticité. Je vois tout les situations possibles de notre vie commune : les conflits de nos intérêts et perceptions, de nos besoins et peurs, nos désirs ardents et insuffisances. Je vois tout vivre et se déployer, en coopération et conflit, et harmonie et contradiction avec le désir de vivre honnêtement et dans un contact authentique avec tout ce qui nous entoure. Je vois des sentiers serpentant par un paysage vivant. Je vois une bibliothèque dans un jardin ombragé. Je vois des visiteurs qui viennent et partent, qui contribuent à former cet espace vital, qui vivent avec nous et qui emmènent la vision. Je rêve que X soit une auberge pour des gens subsahariens sur leur voyage clandestin, qui plante le rêve d'une vie libre, indépendant et durable à coté de leur rêve de l'Europe – cause des innombrables souffrances horribles. Les frontières doivent bien être surmonté et détruit mais pas jonché de morts. Je nous vois comme des visiteurs sur terre. Je nous vois jouer de la musique dans la nuit. Je vois des gens qui dansent, tourbillonnent, se roulent par terre. Je sens liberté. Je vois des gens qui n'ont pas peur de s'approcher, qui s'aiment et ne se soumettent pas, qui se respectent et ne sont pas en concurrence les uns contre les autres. Qui rient quant ils se sentent bien et crient quant ils ont mal. Je vois des humains qui sont eux-même et vivent leur vie. Je vois tout les générations vivre ensemble. Je nous vois semer et récolter, dissoudre et éclore. Je vois des enfants. Je me vois mourir. Je rêve que la vie trace des cercles.